23 décembre 2008
Pôle Véhicule du futur
intervention en séance plénière de Djamila SONZOGNI
Je voudrais vous interroger sur la pertinence du pôle de compétitivité Véhicule du futur. Nous vous avons questionné à plusieurs reprises sur cette question, aujourd’hui la conjoncture rend cette interpellation encore plus nécessaire. Tout d’abord je voudrais souligner le fait qu’il est difficile d’avoir des informations fiables
sur le coût : les chiffres qu’on trouve par ci par là sont contradictoires, pas clairement énoncés
Sur le bilan : au bout de trois années de mise en œuvre de ce pôle il est difficile d’avoir un bilan concret en terme d’avancée technologique, d’innovation, en terme d’emplois créés et perdus.
Nous regrettons d’ailleurs que le bilan demandé par la région (l'évaluation menée au niveau national sur tous les pôles de compétitivité et à laquelle la Région a pris part) n’ait pas été diffusé aux élus et qu’il ait fallu insister ou se débrouiller par ses propres moyens pour l’obtenir. Il est vrai qu’il n’est pas très positif. En jonglant avec toutes ces données, je suis arrivée à ce résultat : une centaine de millions d’euros investis entre 2006 et 2008 tous financements compris – privés, Etat et collectivités territoriales, 4 millions d’euros pour la Région… et je ne suis pas sure que ces chiffres soient les bons.
Quant au bilan, il en ressort un résultat mitigé :
- Création d’emplois : cela ne concerne que des emplois hautement qualifiés en nombre modeste
- Voiture propre : pas d’avancée pertinente
- Formation de reconversion des salariés : rien
- Ce qui est certain, c’est la réalité qui est devant nous au quotidien :
Les bénéfices que continuent à orchestrer les industries automobiles en contraction avec la situation de ce secteur qui est là devant nous, dans la presse, à nos portes car nous connaissons tous quelqu’un qui travaille dans ce secteur. A Mulhouse, Peugeot a licencié des centaines d’intérimaires, mis au chômage technique ses salariés pour trois semaines et ce n’est qu’un début.
Les entreprises de sous-traitance sont obligées elles aussi au mieux de mettre leurs salariés au chômage technique quand elles ne licencient pas ou ne ferment pas leurs portes.
Cette situation n’est pas propre à l’Alsace, et à Peugeot…
Et ce n’est que le début d’une catastrophe annoncée.
L’un des objectifs annoncés de ce pôle était de sauver cette industrie… de sauver des emplois…
Alors il faudrait calculer combien a coûté un emploi sauvé par rapport à l’argent public investi… Combien d’emplois créés, combien d’emplois perdus ? Il est clair que les emplois perdus sont largement plus nombreux que les emplois créés. Il est clair aussi que les emplois créés sont exclusivement des emplois hautement qualifiés qui ne laissent aucune place à des personnes peu qualifiées, pourtant majoritaires dans ce secteur.
Qu’avons nous mis en place dans ce pôle en terme de formation pour la reconversion des salariés pour la plupart peu qualifiés afin qu’ils s’adaptent aux nouvelles technologies ou qu’ils se préparent à un autre métier ? Rien
Un autre enjeu de ce pôle de compétitivité était de créer la voiture du futur, la voiture propre.
Dans les projets labellisés et financés, la voiture propre n’est pas encore au rendez vous. La démarche de développement durable n'est même pas promue dans les projets labellisés ce qui a été fortement critiqué par l'évaluation menée au niveau national.
Nous comprenons qu’il faut soutenir l’automobile qui représente un grand nombre d’emplois… Mais visiblement les millions dépensés n’apportent pas grand chose aujourd’hui au niveau de l’économie alsacienne, au niveau de l’emploi, au niveau de l’environnement.
Alors à qui l’argent du contribuable profite ? question ouverte…
Ce que je veux vous dire Monsieur le Président, c’est qu’il faut revoir complètement cette politique de soutien au secteur automobile pour que l’argent dépensé serve à quelque chose :
- préserver les emplois
- aller vers la voiture du futur, une voiture non énergivore et non polluante
- anticiper la reconversion des salariés de ce secteur
- empêcher la délocalisation de ces entreprises
Ce débat qui concerne notre région est un débat porté à tous les niveaux aujourd’hui, sur d’autres régions, en Europe, aux Etats Unis, dans le monde
Quel soutien à l’industrie automobile ? c’est une question fondamentale .
Il faut soutenir l’industrie automobile car aujourd’hui elle fait vivre des millions de familles, mais il faut aussi anticiper son déclin et s’y préparer en investissant dans des secteurs plus porteurs, plus durables comme les transports en communs, la voiture propre… en anticipant dès maintenant. Ne faisons pas la même erreur que nous payons chèrement aujourd’hui, celle de n’avoir pas anticiper le déclin de l’industrie traditionnelle alsacienne. Prenons les devants.
Publié par
les Conseillers Régionaux Verts
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