23 décembre 2008

Langue et culture régionale



intervention en séance plénière d'Andrée BUCHMANN

Monsieur le Président,

Comme vous le soulignez régulièrement vous-même, un des atouts de notre région est le bilinguisme français – allemand, voulu comme un des pans d’un multilinguisme dynamique et assumé.

Votre génération, vous-même, disposez encore de ce capital linguistique qui vous permet d’intervenir couramment et avec une remarquable aisance, en allemand. Ma génération a déjà subi les conséquences négatives d’une politique scolaire monolingue. Et les générations qui nous suivent ont été coupées de leur composante germanophone, du point de vue linguistique et culturel.

Les Alsaciens étaient très présents au niveau international, notamment dans la diplomatie, recrutés sur leur connaissance du monde germanique et de la Mitteleuropa. Les Alsaciens sont appréciés dans les entreprises, à l’étranger, pour ces qualités.. De nombreuses entreprises étrangères intègrent dans leurs critères de choix pour s’installer en Alsace la proximité géographique avec la Suisse et l’Allemagne, et le capital linguistique.

Très longtemps, les entreprises suisses recrutaient volontiers des alsaciens. Le défaut de connaissance de l’allemand de nos concitoyens les amènent maintenant à privilégier le recrutement en Allemagne.

Nous avons été quelques-uns, puis un peu plus nombreux, à nous battre et agir pour la création de classes bilingues paritaires. Nous nous sommes battus pour que l’Education Natonale s’engage dans cette voie. C’est le cas officiellement.
Mais les réalisations de l’Education Nationale en regard des exigences de la Convention et du financement régional sont bien maigres et la baisse des crédits lors de la DM2 2008 (de 1 million à 500 000 eus) démontre bien que les réalisations ne sont pas à la hauteur. Nous avions déjà déploré le manque d’ambition de la Convention quadripartite, mais la situation actuelle est encore plus préoccupante.

- si le Rectorat annonce un pourcentage de 96% d’enfants faisant de l’allemand en Cours Moyen, malheureusement, cela élude la question du niveau de langue qui demeure insatisfaisant à l’entrée au collège. C’est pourquoi nous appelons encore à un plus fort développement de l’enseignement bilingue paritaire.

- les ouvertures de nouveaux sites sont en recul avec seulement 10 nouveaux sites à la rentrée 2008, ne suivant pas la demande sociale

Si cela continue, l’objectif de 15% d’élèves du primaire en voie bilingue ne pourra pas être respecté et la généralisation de l’enseignement bilingue dans les maternelles ne sera effective qu’en 2100…On est donc très loin de l’objectif de généralisation dès 2010.

On manque d’enseignants et la politique de recrutement actuelle ne permet pas de palier ce déficit : le recrutement est souvent tardif (un mois après la rentrée en Haute-Alsace par exemple) et il existe des réticences au recrutement d’enseignants germanophones natifs.

Nous nous interrogeons également sur les suites données à votre lettre M. le Président et M. Stoessel au Ministre de l’Education Nationale concernant la création de stages d’allemand pour les lycéens en lieu et place des stages d’anglais proposé par le Ministère.

D’autres exemples régionaux s’offrent à nous, la Corse, le Pays Basque français, qui ont obtenu la généralisation de l’enseignement bilingue, d’ici 2013 pour la Corse.

Nous ne sommes pas en Alsace à la hauteur des enjeux culturels, économiques, européens.

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