17 juin 2005

GCO : la concertation balbutie


A défaut de grand débat public, la Direction de l'Equipement essaye de nous consoler avec des "cahiers d'acteurs". Une démarche tellement confidentielle que c'est un copain d'Alsace Nature qui m'en a appris incidemment l'existence. Je croyais qu'être Conseiller Régional permettait d'être aux premières loges de l'information : manifestement non.
De quoi s'agit-il : 8 collèges (Maires riverains, associations, agriculteurs, milieux économiques...) discutent, s'expriment et couchent sur le papier leurs avis et propositions dans leur pluralité. La DRE compile le tout et édite des "Cahiers d'Acteurs" qui resteront les preuves indélébiles d'une concertation en bonne et due forme.
Le hic, c'est que comme Conseiller Régional, je suis un "acteur" : je fais partie du premier Collège qui regroupe le Conseil Régional, le Conseil Général et la CUS. Ce Collège comme tous les autres doit rendre sa copie pour le 20 juin (il reste 3 jours, week end compris !). Ca va être short, d'autant que mes collègues élus comme moi n'ont rien vu et rien entendu : les coups de fil aux services montrent que personne n'est trop au courant. Manifestement même cet ersatz de concertation c'est trop.
Bon, alors avec le groupe Verts on a écrit une lettre à Adrien Zeller et on lui a joint notre contribution s'il lui venait l'idée d'ici lundi de concocter quelque chose avec Richert et Grossmann.
Voici donc notre verte contribution qui n'étonnera personne :

Participation des conseillers régionaux Verts à la contribution du collège d'acteurs « Conseil régional d'Alsace, Conseil Général du Bas-Rhin, Communauté Urbaine de Strasbourg »

Le projet GCO est loin de faire l'unanimité et de nombreux acteurs ont le sentiment que le vrai débat citoyen n'a pas eu lieu. Une opposition grandissante au projet a vu le jour, fondée sur des propositions alternatives trop vite négligées et dédaignées par les décideurs.
Le GCO n'aurait que peu d'impact sur le trafic pendulaire en direction de Strasbourg et capterait le trafic de transit, inciterait même à sa croissance, d'autant plus que la politique allemande vise au contraire à dissuader ce trafic de son côté du Rhin.
L'impact du GCO sur le territoire alsacien serait considérable. La forte densité des zones traversées, la qualité des terres soustraites à l'agriculture, mais aussi la présence de deux espèces animales d'intérêt communautaire, rendent particulièrement néfaste la consommation d'espace qui serait nécessaire à la construction de cette autoroute.
Les conseillers régionaux Verts estiment ainsi que l'opportunité du GCO, de par son impact sur l'espace, l'environnement, la qualité de l'air, et son inadéquation avec la problématique des transports, tant au niveau de l'agglomération de Strasbourg que pour l'ensemble de l'espace Rhénan, n'est pas avérée. Les conseillers régionaux Verts pensent donc qu'il serait préférable d'abandonner ce projet au profit d'infrastructures de transports collectifs et de fret non routier.

16 juin 2005

Le Blogue est créé



Le blog des Conseillers Régionaux Verts d'Alsace est créé. Il existe pour permettre aux lecteurs, aux curieux, d'échanger avec nous et de réagir à nos prises de positions.
Au plaisir d'écrire, et au plaisir de vous lire.

Les Conseillers Régionaux Verts

14 juin 2005

La pollution tue ! De l'irresponsabilité des décideurs alsaciens !

Par Andrée Buchmann

Strasbourg a connu l'année dernière une mortalité supérieure à la surmortalité liée à la canicule à cause des fortes pollutions que nous subissons, notamment l'ozone... La pollution chronique est élevée en Alsace et ses conséquences sur la santé dramatiques : augmentation des cancers, des allergies, décès…
Dans ce contexte, continuer de décider des équipements et des politiques, comme les parkings prévus en hypercentre, le Grand Contournement Ouest qui génèrent ces pollutions est irresponsable.Des mesures immédiates s'imposent :
- investir fortement dans les déplacements alternatifs : vélos, train, tram-train et cesser de construire des parkings en centre ville (deux sont prévus à Strasbourg) et des autoroutes (Grand contournement ouest)
- concevoir un aménagement du territoire équilibré et arrêter de gaspiller l'espace
- soutenir massivement l'agriculture de qualité et l'agriculture biologique qui n'utilisent pas les pesticides
- équiper encore davantage les établissements industriels d'installations de dépollution.
Au-delà des discours sur les gaz à effets de serre et le développement durable, c'est une politique cohérente que la santé des habitants de cette région exige .Au-delà des mots, on attend des actes politiques courageux.

Relais municipal mulhousien de lutte contre les discriminations

Par Djamila Sonzogni


Point de départ
L’idée du Relais Municipal de lutte contre les discriminations est née à partir du constat d’une fracture de plus en plus grande entre une partie de la population et une partie de la jeunesse dans notre société.
Il voulait répondre aux nombreuses interpellations faites aux élus sur les discriminations notamment les discriminations raciales et au fait qu’il était difficile de convaincre des personnes, notamment les jeunes, de respecter la loi, s’ils avaient le sentiment que la loi n’est pas la même pour tous.
Nous avons choisi d’en faire une structure municipale pour montrer un engagement fort des élus.
Bien que le point de départ soit les discriminations raciales, nous avons décidé de traiter toutes les discriminations.

Objectifs
Le relais s’est donné comme objectif de :
- réduire les discriminations mais aussi le sentiment de discrimination
- mieux comprendre pourquoi, comment, où on discrimine
- mettre en œuvre des réponses adaptées aussi bien au niveau individuel que collectif.
Le projet a été conçu comme expérimental et évolutif sur une période de 18 mois. Après cette période, une évaluation sera réalisée et des réorientations et/ou ajustements, voire un arrêt de l’expérience seront envisagés.
Aujourd’hui cela fait un peu plus d’un an que la mise en œuvre concrète a commencé.
Le projet présenté aujourd’hui est le fruit d’un an de travail antérieur de maturation avec l’appui de l’Observatoire Régional de l’Intégration et de la Ville (ORIV).

Axes d’intervention
Le relais intervient autour de quatre axes
1) Accueil, écoute et orientation qui permet l’analyse des situations. L’objectif est de donner une réponse à toutes les situations.
La réponse peut être individuelle (orientation, accompagnement) ou collective (sensibilisation, formation.
2) Poursuivre la réflexion et l’analyse par des débats, des études, des rencontres, des formations entre différents acteurs concernés mais aussi des réunions d’information-interpellation auprès des acteurs potentiellement discriminants…
3) Mise en réseau des différents acteurs impliqués sur cette problématique (Licra, LDH, COPEC, association de défense des droits des femmes, des droits des personnes handicapées, etc.).
4) Mise en œuvre d’un état des lieux à partir des accueils individuels : relevé des plaintes, des réponses apportées, des résultats obtenus. Ces données devraient permettre de savoir qui est discriminé, par qui, comment, l’impact des solutions mises en place mais aussi d’agir dans des cas de discriminations avérées mais sans preuve par la répétition des plaintes et de mettre en place des actions collectives ou d’orienter vers des actions judiciaires. Cet état des lieux permettra aussi d’interpeller les autorités compétentes si par exemple les discriminations avérées avec preuve traitées judiciairement aboutissent de façon trop systématique par un classement sans suite, si tel service public persiste dans une pratique discriminatoire malgré l’intervention du relais…

Moyens
Constitution d’un comité de pilotage regroupant le porteur du projet (Ville de Mulhouse), les partenaires financiers (Etat, Fasild) et les représentants d’instances impliquées dans la politique de lutte contre les discriminations (Codac, Justice, Police, Education Nationale…) ainsi que l’ORIV (fonction d’accompagnement) dont la mission est d’assurer le suivi du projet et son sens.
Constitution d’une cellule technique qui regroupe des représentants des structures accueillant les permanences décentralisées du relais, des représentants de services, structures, associations concernées. Elle a pour mission de faciliter le travail d’orientation, d’analyser collectivement les situations complexes afin de trouver des solutions adaptées.
Embauche de la responsable du relais en février 2003 qui accueille et oriente les personnes, élabore, coordonne les actions collectives, travaille à la mise en réseau des différents acteurs travaillant sur les discriminations, anime la cellule technique, met en place l’outil d’observation.
Réalisation par l’ORIV d’une mission d’appui qui a commencé dès l’élaboration du projet et qui continuera au moins au terme de la première phase de 18 mois.
Mise en place de permanences décentralisées dans la plupart des quartiers mulhousiens.
Mise en œuvre d’une stratégie de communication volontairement très modeste au démarrage.

Bilan perspectives
Au bout d’une année d’existence on peut dire que ce projet est pertinent et qu’il répond à une demande forte.
C’est aussi une expérience unique en France.
Très vite, il semble évident que pour bien fonctionner le relais a besoin de plus de moyens, la chargée de mission étant débordée entre les accueils et le suivi des situations, les sollicitations extérieures très nombreuses, la mise en place d’actions collectives et du réseau.
Il est vite apparu que les relais pour relayer le suivi des plaintes par rapport aux discriminations raciales sont quasi inexistants.
La grande difficulté que rencontre le Relais aujourd’hui est le manque de portage politique. Les raisons sont diverses mais la conséquence c’est que le relais risque soit de rester une petite vitrine qui permettrait aux élus de dire qu’ils agissent contre les discriminations, soit de ne pas être reconduit.
Cela m’amène à penser que finalement le portage par une municipalité n’est pas pertinent et que seule une association indépendante peut être efficace.
Lutter réellement contre les discriminations aujourd’hui ne peut être l’œuvre que de militants.

Report des poids-lourds, manif de Fegersheim

par Jacques Fernique


D’abord il faut quand même dire un mot sur l’absence d’anticipation. Fallait-il donc être des surdoués de la clairvoyance pour deviner que la nouvelle politique allemande de régulation des poids lourds annoncée de longue date et longtemps reportée allait avoir quelques conséquences de ce côté-ci du Rhin ? Fallait-il donc attendre le 1er janvier 2005 pour s’en rendre subitement compte ? Non, assurément non : l’Alsace aujourd’hui constate et déplore les dégâts sur ses routes, mais c’est à Paris, c’est à Strasbourg qu’on a choisi sciemment de ne pas anticiper, qu’on a choisi une fois de plus de ne pas heurter le lobby du transport routier et les schémas paresseux du passé. Alors que nos voisins allemands et suisses ont su engager une vraie politique pour des transports écologiquement responsables, avec leur taxe, avec leur efficace Redevance Poids Lourds liées aux Prestations, alors que le principe utilisateur-payeur marque des points en Allemagne et en Suisse et permet au rail et au fluvial de regagner du terrain, notre pays et nos grandes collectivités locales n’ont pas su, n’ont pas voulu s’inscrire dans cette démarche, ont au contraire donné encore et toujours le signal que l’axe Nord-Sud alsacien restait grand ouvert au flot des camions et même qu’à terme on continuerait à leur ouvrir de nouveaux espaces, de nouvelles facilités routières et autoroutières : projets de rocades, de contournement autoroutier : tout se passe comme si l’Alsace acceptait ce partage interrégional : en Suisse et en Allemagne les marchandises plutôt sur le rail, en Alsace les marchandises sur les routes. Ce saccage programmée de notre Région est inacceptable. C’est l’ensemble du Rhin Supérieur qui a besoin d’un transfert massif du fret vers le rail et les alternatives à la route ! Les enjeux en terme de santé publique sont importants et encore trop méconnus. Sait-on qu’aujourd’hui les pots d’échappements tuent davantage que les accidents ? Sait-on que l’Agence française de Sécurité sanitaire environnementale estime à 900 000 euros le coût de chaque décès lié à la pollution atmosphérique ? Dans ces conditions, je pense que même ceux dont la seule boussole est le développement économique peuvent admettre que la fuite en avant routière mérite une remise en question.



Depuis le 1er janvier, l’ambiance a bien changé, le flot supplémentaire des camions avec le report de trafic consécutif à la taxe allemande, a amené les partisans inconditionnels du fret par camion et des projets routiers à faire profil bas. Certains ont bien essayé de laisser entendre que le seul problème c’était la taxe allemande et qu’il suffisait donc de la supprimer pour régler la question : l’opinion publique ne les a pas suivi : les collectivités et les autorités en charge de l’intérêt général ne peuvent se ranger à cette revendication catégorielle : que rien ne change et que le Rhin Supérieur s’engorge définitivement ça ne peut pas être une ligne de conduite responsable !
Aujourd’hui nous avons la chance historique de pouvoir convaincre et de faire basculer les décisions. Au Conseil Régional on arrive maintenant à obtenir l’unanimité sur des positions, des déclarations d’intention dont le Vert que je suis ne peut que se féliciter. C’était inimaginable encore l’an dernier. Tout le monde convient qu’il faut des mesures d’urgence pour tenter de réguler ce flot de poids lourds, tout le monde convient à peu près qu’il faut rendre notre axe nord-sud moins attractif au transit.
Votre manifestation n’est certes pas inutile : car il en faudra du courage aux élus pour renverser les tendances lourdes de notre politique des transports. Le Rhin Supérieur ne sortira de l’engorgement que si l’Alsace harmonise sa politique du fret avec les Suisses et les Allemands. Il n’est donc pas question de quémander à ceux-ci le retour de la gratuité sur leur autoroute, mais au contraire d’obtenir nous aussi les outils pour taxer et réduire le transit des camions, d’obtenir surtout des investissements à la hauteur en faveur des alternatives comme le rail. Ce ne sera pas facile, ce n’est pas gagné, et on le sait bien ici à Fegersheim et à Lipsheim qu’il y a loin du constat du problème, de la mesure de l’insupportable à la réalité des réalisations, des réponses adaptés. La RN83 saturée, ce secteur invivable ne date pas du 1er janvier 2005. Alors, pour que notre Alsace ne devienne pas définitivement un couloir à camions, il en faudra encore plus et sans relâche de la mobilisation populaire.