Commençons par la lecture du Journal Officiel :
« Art. 285 septies. - A titre expérimental, dans la région Alsace et pour une durée de cinq ans, les véhicules utilitaires dont le poids total en charge est égal ou supérieur à 12 tonnes peuvent être soumis, lorsqu'ils empruntent des routes ou portions de routes d'usage gratuit à proximité d'axes autoroutiers à péage situés ou non sur le territoire français, à une taxe non déductible dont le montant est compris entre 0,001 et 0,015 EUR par tonne et par kilomètre.»
Voilà, c’est donc bien la Loi.
Vous avez bien lu : ça vise tous les camions de plus de 12 t, ça peut concerner n’importe quelle route proche d’une autoroute à péage !
A l’évidence ce fameux amendement Bur est une avancée. Bien sûr, ça arrive bien tard : on peut rappeler l’absence d’anticipation de l’UMP alsacienne face aux conséquences annoncées de la LKW-Maut sur une Alsace grande ouverte aux camions. Bien sûr, l’exercice relève du « pompier pyromane » puisque nos Conseils Généraux et Régional qui applaudissent à cette taxe n’ont de cesse depuis des lustres de transformer l’Alsace en couloir à camions ! Bien sûr, ce « coup parlementaire » s’avèrera probablement bien moins rigoureux dans son application effective (déjà on le dégonfle dans les médias en laissant entendre qu’il ne concernerait que le transit… de là à évoluer vers une conception très laxiste du transit à l’instar des nationales trans-vosgiennes où circulent encore tant de camions censés ne faire que du transport « local » !).
Oui, mais, il faut bien l’admettre : cet amendement qui s’est concocté contre l’avis du gouvernement marque un réel progrès qui tranche sur les vagues projets et autres atermoiements dont la droite nous bassinait depuis les reports de camions d’outre-Rhin.
L’Allemagne a pu, du fait d’un régime dérogatoire lié à la réunification, mettre en place sa taxe, la Suisse peut marquer des points avec sa redevance « RPLP », la France semble elle complètement passive face au lobby routier, engluée qu’elle est dans l’absence de volonté politique et le rythme très prudent de l’Eurovignette (qui en gros reporte après 2012 les choses sérieuses). Alors cet amendement expérimental et géographiquement limité est assurément la seule action prometteuse à contre-courant des politiques publiques qui dominent depuis un bon moment. Les organisations de transporteurs ne s’y sont pas trompées qui ont mobilisé leur front du refus ; le Ministre Perben a a très vite annoncé qu’il n’était pas question d’élargir la mesure à d’autres portions du territoire national !
Les Verts ont donc adopté une posture de soutien public, résolu et exigeant à l’égard de cette possible taxe alsacienne. Ne nous y trompons pas : ce texte est bien d’une certaine façon le produit de l’exaspération des Alsaciens face aux vagues de camions, il est l’expression d’un ras-le-bol du tout-routier qui déstabilise les élus UMP. Dans ces conditions, autant peser de notre poids dans ce sens, pour essayer de faire basculer franchement les politiques, pour réduire encore dans l’opinion le camp des inconditionnels de la route.
Pour finir, après le Journal Officiel, une autre citation, de nos porte-parole cette fois :
« Les Verts Alsace enjoignent les responsables politiques à ne pas se cantonner à une réponse contrainte et ponctuelle, mais à prendre de façon globale et résolue l’initiative en permettant par l’abandon du Grand Contournement Ouest de trouver les moyens politiques et financiers pour engager un vrai programme régional de développement massif des déplacements pendulaires non-routiers, de desserrement net de l’étau automobile sur nos agglomérations et de montée en puissance du ferroutage et du transport combiné. »