15 septembre 2009

2ème phase du TGV EST: on ne peut pas traiter les questions environnementales par-dessus la jambe!



Intervention d'Andrée BUCHMANN en séance plénière

Monsieur le Président, Chers collègues,

Les Verts sont favorables au train, donc au TGV. C’est par là que nous réussissons déjà et que nous réussirons le transfert modal, à réduire les gâchis énergétiques et les nuisances environnementales de l’aérien.

Mais les Verts s’inscrivent aussi dans une démarche sociale et dans une démarche écologique.

Le TGV, tel qu’il est mis en œuvre, connaît un grand succès. Contrairement à ce qui se dit, le TGV arrive déjà à Strasbourg. Paris- Strasbourg en 2h20 est tout à fait acceptable, et je n’entends guère de critiques et de revendications radicales sur 1h50.

Ce qui est moins acceptable, c’est le prix exorbitant du billet qui amène de plus en plus de personnes à utiliser leur voiture pour se rendre à Paris, car il n’y a pas d’alternative bon marché au TGV. Sauf parfois en prenant le billet très en avance et en disposant d’internet.

On nous dit maintenant que l’enjeu n’est plus Paris-Strasbourg, mais Paris-Munich, Paris-Prague…

Ce qui est essentiel, c’est qu’un nouveau pont soit construit sur le Rhin et que le raccordement se fasse rapidement avec l’ICE.

Concernant la 2° phase du TGV, nous n’y sommes pas opposés. A condition :

- que les réserves de la DUP de 1996 soient levées. Or ce n’est pas le cas pour la vallée de la Zorn, où la question hydraulique n’a pas été réglée ce qui amène l’Etat à sortir la vallée de l’arrêté préfectoral. Drôle de méthode. Proposer que le TGV traverse la vallée sur un remblai est contraire à l’esprit du Grenelle qui soutient la préservation de la biodiversité et la création d’une trame verte et bleue. Avant de recréer des trames, il vaudrait mieux éviter de produire de nouvelles ruptures irrémédiables. Y a-t-il une avancée sur le remplacement du remblai par un viaduc ?

- Pour la vallée de la Zorn, si la question hydraulique est un sujet non résolu, l’impact sur la nature a été purement et simplement balayé. RFF fera, dit-il, si les collectivités paient les 16 millions de compensation. 16 millions, c’est peanuts au regard du coût global; et peuvent être récupérés si il y a une bonne négociation avec les entreprises lors des marchés publics. Mais quand on sait ce qui s’est passé sur le TGV Nord et le TGV Est, 1° phase, et toute la prévarication qui a eu lieu, on peut craindre le pire.

- Pour les communes de la CUS, l’intervention du maire de Eckwersheim lors de l’enquête publique est édifiante : doublement de la consommation des terres par rapport à la DUP ; dégradation irrémédiable de milieux naturels, démolition de maisons…

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Doit-on en cette période de crise continuer de jeter par la fenêtre l’argent du contribuable sur des projets pharaoniques ? Ne peut-on faire preuve d’un peu de raison et adapter les solutions aux besoins ?

Il y a un problème de tunnel pour la traversée des Vosges. Ne peut-on le régler sur le tracé actuel ? S’il faut un nouveau tunnel, la voie ne peut-elle très vite se raccorder à la ligne existante, avec ajout d’une 3° voie ?

Comment se fait-il qu’un projet d’une telle importance ne connaisse aucune publicité globale ? A aucun moment le tracé soumis à enquête n’a été présenté globalement. Les études d’impact sont circonscrites aux communes concernées. C’est une fois de plus la politique du saucissonnage pour fragiliser la pensée.

La Région Alsace va apporter 95,5 millions d’euros à la dot de la mariée, qui s’ajoutent aux 51,9 millions pour la CUS, aux 59 millions pour le Bas-Rhin et 29,5 millions € pour les collectivités haut- haut-rhinoises, soit 236 millions d’euros pour le contribuable alsacien. La Région peut conditionner son aide .

De tels ouvrages d’art ( tunnel, viaduc pour traverser les collines, le canal, les voies ferrées, l’autoroute, tranchées à travers le Kochersberg…) se conçoivent pour 200 ans et on ne peut traiter la question environnementale par-dessus la jambe.

Mettre en avant le Grenelle de l’environnement, la nécessité de réduire les GES, d’avoir une approche ambitieuse pour la Conférence de Copenhague, est totalement en contradiction avec les vrais choix. Il y a ce qu’on dit et il y a ce qu’on fait.


N’ayant aucune réponse sur les questions environnementales, et sachant que pour être entendu il faut savoir parfois refuser le consensus, nous ne pouvons adhérer à cette délibération.